mardi 18 septembre 2018

18 Septembre - Two Medecine

Je me suis couché trop tard avec la mise à jour du blog. Je me lève trop tôt tiraillé par les choses que je n'ai pas faites la veille. Résultat, je n'ai pas récupéré...

Après le petit déjeuner, je cours dans tous les sens entre les aliments à reconditionner, le sac à faire, les coups de téléphone... Xavier est prêt depuis longtemps alors que je bataille pour faire au plus vite.

Il est 10h quand en final je nous permets de démarrer le Trail. Nous avons une petite journée avec seulement 18 km à faire pour aller à Two Medecine. C'est là où se trouve la ranger station qui peut nous délivrer un permis pour traverser le parc national. Après l'expérience de Yellowstone, je suis un peu stressé sur les emplacements qu'on pourra nous attribués. J'ai entendu tellement de choses : que le feu à l'Ouest a déplacé tout les campeurs vers l'Est, que nous étions dans la bulle du CDT autrement dit dans les jours de pointe en nombre de hikers au même endroit... Bref toutes sortes de rumeurs qui laisse présager le pire en terme de disponibilité.

Xavier semble vraiment souffrir de sa blessure. Comme Two Medecine est connecté par une route goudronnée, il décide d'y aller en stop pendant que moi je le fais à pied par le trail. Ceci lui permettra d'avoir un jour de repos supplémentaire. Il s'occupera aussi du permis.
Pour accéder au Trail, il faut traverser le golf. Spécial...

Je me retrouve donc seul pour cette journée. Cela me permet de pouvoir réfléchir sur cette petite mort. Car il s'agit bien de cela. Je suis sur la toute dernière section du CDT et dans 8 jours j'arrête de faire ce que je fais depuis 5 mois. Comme ça brutalement du jour au lendemain. Je change - où plutôt je rechange - mon quotidien. Je suis comme un malade à qui on annonce qu'il reste peu à vivre. Pour moi ça se compte en jours. Que fait on lorsqu'on sait qu'on est proche de la fin ?
En tout premier lieu, je profite du spectacle de chaque instant. Ça tombe bien car les couleurs de sont définitivement invitées à la fête. C'est un débordement de feuilles jaunes, orange et rouge vif qui enchantent mes sens. J'ai vraiment l'impression d'être au Québec et j'ai des tas de bons souvenirs qui reviennent. A la différence de la belle province, il y a d'importantes montagnes devant mes yeux. Elles sont splendides et je comprends que ce final va être magique.


Je ressens les choses de manière amplifiées car bientôt ces découvertes de nouveaux paysages ne seront plus.

Les petits problèmes deviennent totalement insignifiants car bientôt ils ne disparaîtront. Le mal aux pieds, le froid, le manque d'eau font partie du voyage et n'ont pas suffisamment d'épaisseur pour en gâcher la fin.

Je fais aussi un bilan. Ai je changé ? Sûrement car nous changeons tous en permanence même en restant chez soi. Mais honnêtement je ne le ressens pas du tout. Ai je répondu à mes questions existentielles ? Non, je n'ai trouvé aucune réponse et ce n'est pas en 8 jours que tout va changer. De toute façon, j'étais parti pour le challenge et pas pour trouver un sens à ma vie comme certains hikers.

Tous ceux que j'ai croisés me parle du trauma lorsqu'on termine un long trail. Un peu comme le fameux mur au 35ème km lors d'un marathon. Je verrai bien si je vais taper le mur. Je le saurai au retour. Pour l'instant, il n'y a rien que je puisse faire.

Je décide donc surtout de profiter que l'herbe me semble plus verte aujourd'hui qu'hier. J'admire des formes d'arbres que je ne voyais plus à force de les voir. Perdre très prochainement toutes ces choses devenues "banales" leurs donnent une valeur infinie.

J'ai de la chance de terminer avec des montagnes car je vais avoir des vues grandioses. J'aime aussi l'effort de grimper. La récompense est toujours à la hauteur de l'effort.
D'ailleurs je n'ai cessé de monter depuis ce matin et je commence à embrasser la plaine où je distingue la ville de East Glacier. Les montagnes où je m'engage me rappelle les Winds dans le Wyoming.


Malheureusement à mi parcours et avant que j'atteigne le sommet, des nuages envahissent le ciel. Ils s'écrasent sur les montagnes et s'y accrochent comme aimentés par les sommets. La température s'écroule en quelques minutes mais surtout la visibilité devient totalement nulle.


Alors que j'évoluais dans un tableau de maître, me voici englué dans la purée de pois. J'enrage littéralement. Je passe devant un sentier qui mène à un point de vue. Inutile de m'y rendre, il n'y a plus rien à voir. J'espère qu'en passant le sommet et en changeant de vallée, je récupèrerai le bonheur simple dont les nuages m'ont privé.

Je bascule et mon moral dégringole. La punition est la même, non seulement dans la vallée adjacente, mais dans toutes les chaînes de montagnes où porte la vue. C'est tout un front nuageux qui a envahi le parc national de Glacier.


Pour l'heure, je descends en dessous des nuages pour rejoindre Two Medecine.

Ceci me confirme qu'il y a beaucoup de choses à voir car le lac encaissé dans les montagnes est de toute beauté.

Sur le chemin, je croise Xavier qui teste sa condition physique. Il s'est occupé de tout, de notre emplacement de camping de ce soir à tous ceux que nous allons occupés durant notre séjour dans le parc. Tout est parfait. Je suis comme un coq en pâte.

Ce soir nous avons une table, un feu, une boîte anti ours, des toilettes et même l'eau courante. Nous sommes dans un vrai camping sur des places réservées pour les hikers. Il y a beaucoup d'arbres et les emplacements sont organisés de sorte que chacun dispose d'un maximum d'intimité. Je ne peux voir aucun autre emplacement depuis le mien. Il y a encore pas mal de monde pour cette fin de saison mais il s'agit surtout de caravanes et de camping cars.

Les nuages ne cessent de descendre. La météo donnée par les rangers est assez alarmiste. Un front du nord amène pluie et neige pour les jours à venir. Nous verrons bien...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

25 août - Sospel > Menton

Il est 6h, l'heure des braves et de l'apparition du soleil. Je suis tellement proche d'eux que je réveille les squatteurs du jar...