La pluie a amené sa couverture de nuages. Qui dit couverture dit chaleur :-) J'ai même dû enlever une couche à mes vêtements car j'avais trop chaud. Il faut dire que maintenant je m'habille toujours au maximum pour dormir. Je m'attends toujours au pire depuis que la température a chuté.
Les nuages sont toujours très bas au réveil. Ils forment un brouillard qui limite la vue et qui augmente le degré d'humidité. Avec la pluie de la nuit, nous ne pouvons pas allumer de feu car notre bois est trempé. Il nous faut supporter l'humidité mais il ne fait pas si froid.
La journée démarre très mal pour moi. Mon GPS refuse de fonctionner normalement. Il semble pris de folie et exécute toujours une autre tâche que celle que je lui demande. Aujourd'hui j'ai vraiment besoin de lui car nous avons prévu de faire une alternative. Nous visons de suivre 19 km de crêtes au lieu du CDT officiel. Je perds 45 minutes à comprendre que c'est le filtre protecteur qui est en cause. Une fois retiré, la machine répond normalement. Mes nerfs et notre timing en ont pris un coup.
Nous avons 8 km pour rejoindre l'alternative. La pluie nous accompagne une bonne partie du trajet. Les hautes herbes avaient déjà fait une bon travail d'arrosage sur nos jambes, nous voici bien trempés pour nous mettre en condition.
Nous arrivons à l'embranchement pour la route des crêtes. La pluie s'éloigne ce qui est une condition sine qua non pour notre sécurité. Par contre, il n'y a strictement aucun marquage du chemin. Aucune trace de prédécesseur non plus. Je commence à avoir l'habitude pour repérer un passage difficile du CDT et je pense que les conditions sont réunies... Le tout est qu'il soit humainement faisable.
La première étape est de monter sur la crête. Depuis le col où nous sommes arrivés, il faut passer à travers une forêt de jeunes sapins dont les branches entremêlées représentent une barrière naturelle qui freine notre progression.
Une fois en haut, nous avons une vue sur ce qui nous attend. Visiblement le nombre de sommets est conséquent.
Le tout premier m'inquiète particulièrement car la montée semble vraiment raide et il n'y a pas moyen de l'éviter.
Derrière nous, un nouveau front de nuages noirs arrive à toute vitesse. Les choses s'alignent contre nous. Mais cela n'arrêtera pas 2 hikers sans cerveau.
La montée au premier sommet s'avère bien pire que je ne l'avais imaginée. Non seulement la pente est quasi verticale mais le sol est constitué de petites roches et de sable complètement instable. C'est pire que de la neige car on ne peut pas creuser de marches. Ce passage me rappelle les pires moments du Colorado sauf que la glissade se fera sur de la terre et des rochers au lieu de la neige. Je m'en veux d'avoir attiré Xavier dans ce piège dangereux. Je sais qu'il fait confiance à l'expertise que je suis sensé avoir accumulée en 5 mois. Malheureusement je suis toujours aussi stupide...
Xavier assure comme un chef et nous atteignons le premier sommet. Pour ma part, je suis vraiment inquiet. Si les 19 km sont du niveau de ce que nous venons de faire, cette route est trop dangereuse. La météo joue aussi contre nous. Un vent violent amène directement les nuages sur la ligne de crêtes.
Nous décidons de manger avant qu'il ne se mette à pleuvoir. J'en profite pour analyser chacune des crêtes et chacun des sommets qui s'étalent devant nos yeux. Certains passages me paraissent très techniques et ne permettent pas de diminuer mon niveau de stress. Le tout est de savoir faire demi-tour si notre sécurité est en jeu. Mais je sais déjà que nous mettrons la barre assez haute. Nous sommes aussi ici pour avoir une montée d'adrénaline. Jusqu'ici c'est réussi.
Comme nous sommes sur un sommet, Xavier arrive à attraper du réseau téléphonique. Il en profite donc pour appeler sa mère alors que nous sommes assis dans une pente escarpée en dessous d'une crête aux 4 vents en train de manger des tortillas. Cette action complètement décalée, nous permet de nous détendre alors que l'après midi s'annonce pleine d'incertitude.
A peine nous reprenons que les nuages s'installent sur la crête. La grêle puis la pluie s'abattent sur nous. Les rochers qui n'avaient pas besoin de ça deviennent glissants à souhait. Bien sûr nous sommes trempés mais surtout la visibilité est totalement nulle à cause du brouillard. Plus moyen de se repérer et de chercher la meilleure voie. Il faut s'en remettre à la machine et laisser le GPS nous guider. Je sais parfaitement que la trace n'est pas précise mais nous n'avons pas le choix si nous voulons avancer.
D'ailleurs nous changeons de ligne de crêtes et nous descendons dans une pente très raide avant de marcher à flanc de montagne au milieu de sapins et de broussailles. La progression est difficile et consomme beaucoup d'énergie. L'avantage c'est qu'elle n'est pas dangereuse mais l'heure tourne. Nous ne trouverons pas d'eau sur les crêtes pour passer la nuit. Nous serons aussi trop exposés aux intempéries pour notre confort.
Notre bonne étoile décide de faire un geste et les nuages restent accrochés sur la ligne de crêtes que nous venons de quitter. Avec de la visibilité, notre navigation devient beaucoup plus aisée et nous pouvons augmenter la cadence même si le physique continue d'être solliciter par l'enchaînement des sommets.
Nous basculons dans une forêt décimée par les insectes. Encore une... La vue est donc dégagée et nous avons la surprise de découvrir un ancien sentier oublié des hommes. Cela facilite encore plus la navigation alors qu'une pluie de grelons s'abat sur notre tête.
Il nous reste 6 km à parcourir avant d'arriver sur la route qui nous permettra de faire du stop jusqu'à East Glacier. Nous devons arriver avant la nuit pour avoir une chance d'être pris.
Le sentier n'est pas entretenu. Il faut non seulement arriver à le trouver alors qu'il est à peine visible mais il faut enjamber des dizaines d'arbres qui jonchent le sol alors que la fatigue se fait sentir.
Soudain le sentier disparaît alors que nous ne sommes qu'à 3 km de l'arrivée. Les pentes escarpées sur lesquelles nous sommes sont jonchés d'arbres carbonisés. La progression est pénible. Mon GPS joue les boussoles affolées en changeant de cap sans arrêt. Je suppose que les vallées et la couverture de nuages troublent son comportement. Nous sommes au milieu de nulle part et nous n'avons pas besoin de cela avec l'état de fatigue dans lequel nous sommes.
Soudain nous remarquons des rubans rose accrochés aux arbres. Ils marquent exactement la route que nous voulons suivre. Sûrement un hiker qui comme nous a connu de grosses difficultés pour trouver la voie et qui l'a marquée pour aider les suivants. Le chemin est tellement improbable au milieu d'une végétation luxuriante que ce marquage nous économise un précieux temps qui serait perdu en errance dans la forêt. Notre seul problème est la luminosité du jour qui baisse. Il faut accélérer au risque de ne plus pouvoir voir les rubans du marquage.
Bientôt nous retombons sur un sentier et le marquage n'est plus nécessaire. Cela tombe bien car il n'y a plus de rubans pour nous aider. Grêle et pluie violente font une dernière attaque pour être sûrs que nous n'aurons pas un poil de sec pour finir la journée. Dommage car tout avait fini par sécher, y compris les chaussures...
Nous arrivons sur la route alors que la nuit tombe. Il est quasiment impossible aux voitures de nous distinguer sur le bord de la route. Nos chances d'être pris sont quasi nulles dans ces conditions. Nous nous donnons 15 minutes avant de chercher un plan B.
Nous n'aurons même pas à attendre jusque là. Une voiture qui nous a vus au dernier moment, freine brutalement pour nous prendre. Il s'agit d'une jeune fille qui travaille comme park ranger pendant la saison haute. Sa voiture est remplie de matériel de marche. Elle nous dépose juste devant le restaurant de East Glacier avant qu'il ne ferme. Nous sommes trempés et transits de froid et un bon repas chaud est nécessaire.
Après manger, nous trouvons des chambres dans un motel tout proche. Le patron qui a fait l'AT nous fait 30% de remise parce que nous sommes des hikers du CDT. Voilà un acceuil bien sympathique qui va nous aider à passer une bonne nuit même s'il ne sera pas nécessaire de nous bercer.
Nous avons vécu la journée la plus intense de cette section. La plus belle aussi. Les paysages resteront gravés dans notre mémoire.
Les nuages sont toujours très bas au réveil. Ils forment un brouillard qui limite la vue et qui augmente le degré d'humidité. Avec la pluie de la nuit, nous ne pouvons pas allumer de feu car notre bois est trempé. Il nous faut supporter l'humidité mais il ne fait pas si froid.
La journée démarre très mal pour moi. Mon GPS refuse de fonctionner normalement. Il semble pris de folie et exécute toujours une autre tâche que celle que je lui demande. Aujourd'hui j'ai vraiment besoin de lui car nous avons prévu de faire une alternative. Nous visons de suivre 19 km de crêtes au lieu du CDT officiel. Je perds 45 minutes à comprendre que c'est le filtre protecteur qui est en cause. Une fois retiré, la machine répond normalement. Mes nerfs et notre timing en ont pris un coup.
Nous avons 8 km pour rejoindre l'alternative. La pluie nous accompagne une bonne partie du trajet. Les hautes herbes avaient déjà fait une bon travail d'arrosage sur nos jambes, nous voici bien trempés pour nous mettre en condition.
Nous arrivons à l'embranchement pour la route des crêtes. La pluie s'éloigne ce qui est une condition sine qua non pour notre sécurité. Par contre, il n'y a strictement aucun marquage du chemin. Aucune trace de prédécesseur non plus. Je commence à avoir l'habitude pour repérer un passage difficile du CDT et je pense que les conditions sont réunies... Le tout est qu'il soit humainement faisable.
La première étape est de monter sur la crête. Depuis le col où nous sommes arrivés, il faut passer à travers une forêt de jeunes sapins dont les branches entremêlées représentent une barrière naturelle qui freine notre progression.
Une fois en haut, nous avons une vue sur ce qui nous attend. Visiblement le nombre de sommets est conséquent.
Le tout premier m'inquiète particulièrement car la montée semble vraiment raide et il n'y a pas moyen de l'éviter.
Derrière nous, un nouveau front de nuages noirs arrive à toute vitesse. Les choses s'alignent contre nous. Mais cela n'arrêtera pas 2 hikers sans cerveau.
La montée au premier sommet s'avère bien pire que je ne l'avais imaginée. Non seulement la pente est quasi verticale mais le sol est constitué de petites roches et de sable complètement instable. C'est pire que de la neige car on ne peut pas creuser de marches. Ce passage me rappelle les pires moments du Colorado sauf que la glissade se fera sur de la terre et des rochers au lieu de la neige. Je m'en veux d'avoir attiré Xavier dans ce piège dangereux. Je sais qu'il fait confiance à l'expertise que je suis sensé avoir accumulée en 5 mois. Malheureusement je suis toujours aussi stupide...
Xavier assure comme un chef et nous atteignons le premier sommet. Pour ma part, je suis vraiment inquiet. Si les 19 km sont du niveau de ce que nous venons de faire, cette route est trop dangereuse. La météo joue aussi contre nous. Un vent violent amène directement les nuages sur la ligne de crêtes.
Nous décidons de manger avant qu'il ne se mette à pleuvoir. J'en profite pour analyser chacune des crêtes et chacun des sommets qui s'étalent devant nos yeux. Certains passages me paraissent très techniques et ne permettent pas de diminuer mon niveau de stress. Le tout est de savoir faire demi-tour si notre sécurité est en jeu. Mais je sais déjà que nous mettrons la barre assez haute. Nous sommes aussi ici pour avoir une montée d'adrénaline. Jusqu'ici c'est réussi.
Comme nous sommes sur un sommet, Xavier arrive à attraper du réseau téléphonique. Il en profite donc pour appeler sa mère alors que nous sommes assis dans une pente escarpée en dessous d'une crête aux 4 vents en train de manger des tortillas. Cette action complètement décalée, nous permet de nous détendre alors que l'après midi s'annonce pleine d'incertitude.
A peine nous reprenons que les nuages s'installent sur la crête. La grêle puis la pluie s'abattent sur nous. Les rochers qui n'avaient pas besoin de ça deviennent glissants à souhait. Bien sûr nous sommes trempés mais surtout la visibilité est totalement nulle à cause du brouillard. Plus moyen de se repérer et de chercher la meilleure voie. Il faut s'en remettre à la machine et laisser le GPS nous guider. Je sais parfaitement que la trace n'est pas précise mais nous n'avons pas le choix si nous voulons avancer.
D'ailleurs nous changeons de ligne de crêtes et nous descendons dans une pente très raide avant de marcher à flanc de montagne au milieu de sapins et de broussailles. La progression est difficile et consomme beaucoup d'énergie. L'avantage c'est qu'elle n'est pas dangereuse mais l'heure tourne. Nous ne trouverons pas d'eau sur les crêtes pour passer la nuit. Nous serons aussi trop exposés aux intempéries pour notre confort.
Notre bonne étoile décide de faire un geste et les nuages restent accrochés sur la ligne de crêtes que nous venons de quitter. Avec de la visibilité, notre navigation devient beaucoup plus aisée et nous pouvons augmenter la cadence même si le physique continue d'être solliciter par l'enchaînement des sommets.
Nous basculons dans une forêt décimée par les insectes. Encore une... La vue est donc dégagée et nous avons la surprise de découvrir un ancien sentier oublié des hommes. Cela facilite encore plus la navigation alors qu'une pluie de grelons s'abat sur notre tête.
Il nous reste 6 km à parcourir avant d'arriver sur la route qui nous permettra de faire du stop jusqu'à East Glacier. Nous devons arriver avant la nuit pour avoir une chance d'être pris.
Le sentier n'est pas entretenu. Il faut non seulement arriver à le trouver alors qu'il est à peine visible mais il faut enjamber des dizaines d'arbres qui jonchent le sol alors que la fatigue se fait sentir.
Soudain le sentier disparaît alors que nous ne sommes qu'à 3 km de l'arrivée. Les pentes escarpées sur lesquelles nous sommes sont jonchés d'arbres carbonisés. La progression est pénible. Mon GPS joue les boussoles affolées en changeant de cap sans arrêt. Je suppose que les vallées et la couverture de nuages troublent son comportement. Nous sommes au milieu de nulle part et nous n'avons pas besoin de cela avec l'état de fatigue dans lequel nous sommes.
Soudain nous remarquons des rubans rose accrochés aux arbres. Ils marquent exactement la route que nous voulons suivre. Sûrement un hiker qui comme nous a connu de grosses difficultés pour trouver la voie et qui l'a marquée pour aider les suivants. Le chemin est tellement improbable au milieu d'une végétation luxuriante que ce marquage nous économise un précieux temps qui serait perdu en errance dans la forêt. Notre seul problème est la luminosité du jour qui baisse. Il faut accélérer au risque de ne plus pouvoir voir les rubans du marquage.
Bientôt nous retombons sur un sentier et le marquage n'est plus nécessaire. Cela tombe bien car il n'y a plus de rubans pour nous aider. Grêle et pluie violente font une dernière attaque pour être sûrs que nous n'aurons pas un poil de sec pour finir la journée. Dommage car tout avait fini par sécher, y compris les chaussures...
Nous arrivons sur la route alors que la nuit tombe. Il est quasiment impossible aux voitures de nous distinguer sur le bord de la route. Nos chances d'être pris sont quasi nulles dans ces conditions. Nous nous donnons 15 minutes avant de chercher un plan B.
Nous n'aurons même pas à attendre jusque là. Une voiture qui nous a vus au dernier moment, freine brutalement pour nous prendre. Il s'agit d'une jeune fille qui travaille comme park ranger pendant la saison haute. Sa voiture est remplie de matériel de marche. Elle nous dépose juste devant le restaurant de East Glacier avant qu'il ne ferme. Nous sommes trempés et transits de froid et un bon repas chaud est nécessaire.
Après manger, nous trouvons des chambres dans un motel tout proche. Le patron qui a fait l'AT nous fait 30% de remise parce que nous sommes des hikers du CDT. Voilà un acceuil bien sympathique qui va nous aider à passer une bonne nuit même s'il ne sera pas nécessaire de nous bercer.
Nous avons vécu la journée la plus intense de cette section. La plus belle aussi. Les paysages resteront gravés dans notre mémoire.
Hello,
RépondreSupprimerBon repos à tous les deux.
Dis donc, tu n'aurais pas un petit problème récurrent avec ta poche à eau ? J'ai quand même l'impression qu'elle fuit bien souvent :)
Courage pour cette fin de trail.
Quand je vois cette dernière photo je me dis que vous allez faire peur aux douaniers si vous leur faites ça en arrivant.
Bises à vous deux.
Ben.
Je suis content de voir que tu es bien rentré de Montréal. J'espère que le retour n'est pas trop dur surtout en ayant laissé Margot dans cette super ville.
SupprimerSinon j'ai 2 poches d'eau. Un Camelbak tout neuf sur lequel j'ai fait jouer la garantie à vie. Après m'avoir pourri la vie pendant des mois, le neuf m'apporte toute satisfaction. J'ai aussi une poche Platypus de 2 litres en complément pour les parties désertiques. En final, elle me sert tout le temps pour faire ma popote et boire la nuit. C'est bien plus pratique que le Camelbak. C'est le Platypus qui s'est percé. C'est d'ailleurs un exemplaire de remplacement que j'avais acheté après le Nouveau Mexique. Il faut que je change de marque.
Quant à faire peur aux douaniers, l'objectif est clairement là pour que je ne puisse pas terminer le Trail et que je continue à marcher ;-)
Bises