lundi 31 juillet 2023

31 juillet - Balme > Lago di Malciaussia

La mécanique semble mieux tourner ce matin. Les douleurs des ampoules ont disparues et les muscles bien reposés. Je suis toujours étonné de la capacité du corps à s'accoutumer à des cadences inhabituelles. Parce que entre marcher 10 heures par jour en s'envolant des 1000 m de dénivelé et regarder Netflix sur son canapé, il y a tout un monde. Et ce n'est pas les 3 footings hebdomadaires qui arrivent à la cheville d'une seule journée de marche.

Donc au début le corps rechigne aidé par son copain le cerveau et tente par tous les moyens à retourner sur le canapé à bouffer du chocolat. Tout semble insurmontable et le cerveau insiste bien sur la totale inutilité de ce qu'on fait subir à son corps. Il insinue même que ça va empirer. Le plus difficile est donc de ne pas l'écouter à ce stade. Et là d'un coup d'un seul tout rentre dans l'ordre comme si on avait toujours marché toute la journée. Le cerveau comprends qu'il est battu et le corps se dit que puisque on est obligé autant le faire bien. 

Ce matin, j'en suis là et je profite à 100% de la beauté du site. Je suis seul mis à part de Mathias un allemand de la ex RDA qui a 67 ans est parti en même temps que moi de l'hôtel. Il fait lui aussi le GTA et nous ne croiserons strictement personne de toute la journée. 
J'en suis à conclure que les Italiens ne sont pas vraiment intéressés par la marche, du moins au long cours. Et franchement, ça m'arrange bien quand je vois l'immense cirque de l'autre côté de la frontière.
Mathias et moi ne marchons pas au même rythme donc nous ne verrons pas beaucoup dans la journée. La encore tant mieux pour moi.

La difficulté de la journée est que j'ai regroupé 2 étapes officielles en une seule. C'est plutôt gonflé quand je vois la difficulté d'en faire une seule. Mais bon ça se tente surtout que je suis en autonomie au niveau bouffe et campement.

Au programme 1600 m de montée et 1500 de descente pour les 12 premiers km. Pour finir 9 km de montée pour arriver au Lago di Malciaussia. Bref une belle grosse journée !

La montée se fait dans un beau soleil matinal et la vue est parfaitement dégagée. Le chemin est parsemé de grosses pierres mais me convient tout particulièrement au niveau du rythme. C'est comme monter un escalier et donc c'est très régulier. Je suis un cours d'eau qui laisse voir des cascades. 


Le clou du spectacle est l'arrivée au lac Verdi (vert) oú il est évident de comprendre d'où vient son nom. L'eau est d'une limpidité et d'une pureté hallucinante. A donner la chair de poule.


Après le lac la vallée s'ouvre et la montée au col se fait entre 2 montagnes immenses où l'on se sent infiniment petit. Grain de sable insignifiant qui ne laissera aucun trace alors que ces mastodontes seront encore là dans des millénaires. 


Il est 11h30 quand j'arrive au col de Paschiet à 2435 m. Comme tous les jours, les nuages sont en train de remonter de la vallée et s'accrochent aux cîmes des montagnes. Je connais la suite : les nuages vont retomber et je vais me retrouver dans la brume. En attendant je dois d'abord redescendre avant de me taper un autre col. 

Arrivé dans le creux, il y a une rivière et un terrain plat. Il est midi et c'est l'endroit idéal pour la popote. La plupart des marcheurs ont horreur de faire l'effort de monter sur la digestion. Ce n'est pas mon cas. Bien au contraire, j'aime bien être plein d'énergie pour la montée.

Bien entendu, je remonte dans la brume totale et je passe le col sans voir grand chose de l'autre côté. 


Tout ce que je peux immédiatement voir c'est que le sentier est extrêmement escarpé. Tout ce que j'aime. Il me faudra plus de 3h de descente pour arriver dans la vallée. Pas un instant le tracé ne me donnera pas de répis tellement il est raide et casse gueule. J'arrive en bas épuisé et les nerfs en pelote. Je comprends mieux pourquoi l'étape officielle s'arrête là. Je décide de pousser quand même sur la 2eme étape car il ne s'agit que de monter et qu'une bonne partie se fait sur une route. Il est 16h et je ne doute pas pouvoir couvrir les km restant facilement malgré mon physique un peu entamé.


Si effectivement la partie sur la route se passe bien, la partie sur sentier se transforme rapidement en Khô Lantha. Ça grimpe sec dans une jungle constituée principalement d'orties. Heureusement il y a de petits arbres pour s'accrocher et se hisser sur les passages verticaux. Ce n'est donc pas très "roulant" et le compteur tourne. Il est 20h quand je passe un col et que je vois une rivière qui coule dans une prairie. Ça sera le lieu de bivouac avant que la nuit ne tombe. Je ne suis qu'à 1 km du Lago di Malciaussia, l'objectif du jour mais il est tard et j'ai en ce lieu tout ce qu'il me faut pour passer une bonne nuit. Mathias me recolle un peu plus tard et décide de faire la même chose 

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