jeudi 27 juillet 2023

27 juillet - Aoste > Orvieille

Anne est déjà réveillée avant que le réveil sonne. Pour ma part, j'ai peu dormi à cause du bruit. Il va falloir néanmoins être alerte car mon bus part dans 3/4 d'heure. Le temps de prendre une douche et d'avaler un café au lance pierre, nous voici en train de traverser Aoste endormie.

A peine arrivé à la station que mon bus arrive. Les adieux seront de courte durée. Anne part théoriquement à 8h. Je dis théoriquement car en réalité son bus aura 1h30 de retard ce qui mettra à mal ses correspondances de train. 

Pour ma part, le bus pour Arvier est plein à craquer. Le chauffeur n'est pas particulièrement sympathique mais ça n'a pas vraiment d'importance. Je descends à mon arrêt, récupére mon sac à dos dans la soute et me voici parti pour une section solo de mon voyage. 

C'est toujours traumatisant de passer de accompagné à solo - ou inversement - car le rythme est totalement différent. C'est un autre voyage. En solo, on s'arrête quand on veut, on marche à sa vitesse, on prend les décisions seul. A deux on peut discuter, partager une bière et un bon repas mais on marche sur un autre rythme. Il y en a toujours un qui va plus vite - ou plus doucement - que l'autre. On est pas fatigué au même moment. On a pas forcément envie des mêmes choses. Bref comme dans la vie on fait des compromis qu'on ne fait pas quand on est seul.

En attendant, la ville d'Arviers est charmante.


D'ailleurs toutes les villes et villages que je croise sont superbes. Par contre le trajet que j'ai prévu aujourd'hui est une étape de liaison. Mon objectif est d'éviter le Mont Blanc et surtout son fameux tour du même nom qui attire une foule telle que randonner devient un vrai calvaire.


J'ai donc défini un tracé que personne ne prend. Ça peut paraitre paradoxal d'être à 3 heures de marche du Mont Blanc et de tout faire pour l'éviter. Mais l'expérience de l'année dernière a vraiment été traumatisante et pour rien au monde je ne voudrais la revivre. Hike your own hike.

Le problème c'est que tous les sentiers convergent vers le Mont Blanc. L'éviter revient donc à marcher sur la route. J'ai bien cherché et j'ai trouvé une route qui se termine au fond d'une vallée. C'est donc une impasse et le trajet devrait être supportable sans voiture.

Malheureusement on reste près du Mont Blanc et le flot de touristes est ininterrompu : des voitures, campings cars et même des camions de livraison. C'est juste l'enfer.

Pour compléter le tout, la route est constituée d'une succession de tunnels. Pas moyen de les éviter. Heureusement il y a une petite bordure sur laquelle sont fixés des panneaux réfléchissants. Cela me permet de marcher d'un panneau à l'autre en espérant ne pas être écrasé. Mais clairement ce n'est pas sécuritaire et disons le totalement stupide. Au moins l'adrénaline générée à chaque passage permet de pimenter le parcours monotone sur le goudron. 

Passé le dernier tunnel, j'ai enfin un sentier qui longe la rivière. La montée est plus douce et nettement plus agréable à l'ombre des arbres.


Un panneau m'explique pourquoi il y a autant de monde. Je pénètre dans le parc national du Grande Paradisio. J'arrive à Degioz qui est théoriquement l'étape du jour. 


Mais il est seulement 14h et j'ai de quoi manger pour les 4 jours ou je vais traverser les montagnes jusqu'à la ville de Susa. J'attaque donc l'étape de demain avec pour objectif d'aller à Orvieille où la carte indique qu'il y a de l'eau.

Après avoir longé la rivière Savara depuis 12 km, il s'agit maintenant de grimper 800 m en 4km. 
Pour commencer, il faut traverser le village typique de Creton qui ne peut se faire qu'à pied. Je quitte alors la route pour grimper à l'ombre des arbres. Moi qui n'aime pas le tunnel vert, j'avoue que je ne rechigne pas à cette fraicheur bienvenue.


Mon sentier rejoint un chemin plus large du fait de la fréquentation importante qu'il semble subir.
La vue se dégage et je peux voir un immense glacier depuis le site de Orvieille qui s'avère être un centre de rangers. 

Je discute avec un gars qui parle un français impeccable et qui m'explique qu'il est interdit de camper dans le parc national. Il faut dormir dans les campings de la vallée d'où je viens. Ça c'est une méchante tuile. Mais nous sommes en Italie. Le gars m'explique que pas vu pas pris. Il faut juste que je trouve un endroit où personne ne me voit. Que je monte ma tente le plus tard possible et que je parte le plus tôt possible.

Je n'aime pas vraiment truander mais je ne vais pas me coltiner un aller retour d'où je viens. Donc le jeu de cache cache me va bien et me voilà parti pour trouver un lieu discret. Néanmoins nous sommes en haute montagne et il n'y a plus un arbre. La vue est dégagée à des km à la ronde. Je voudrais aussi de l'eau pour me laver et faire la popote... Ça devient très compliqué de concilier tout cela. Je laisse tomber l'eau et je décide de monter le plus haut possible jusqu'à ce que tous les sentiers disparaissent. 

Je finis par trouver un cirque qui me cachera de tout le monde. J'attaque mon blog au soleil car il est juste 17h. Mon téléphone a besoin d'être recharger et j'ai ma batterie externe. Je la trouve bien dans son sac dédié mais pas le câble qui va avec. Soudainement je me souviens que Anne est partie avec en échange du chargeur rapide. Je n'ai plus aucun moyen de connecter mon portable à ma batterie. Plus de portable veut dire plus de GPS et plus aucune trace à suivre. Je n'ai pas de version papier du voyage. Bref méga coup de stress. Il me reste 50% de batterie pour faire le trajet demain. Mais après plus rien. Je ne peux plus faire ma traversée de 4 jours. Je dois trouver un câble. Je suis au coeur d'un parc national et il n'y a que des petits villages autour où je n'ai aucune chance de pouvoir trouver ce dont j'ai besoin. Sur la carte je vois qu'il y a un refuge avec un arrêt de bus. C'est mon seul espoir. Décidément ce voyage est plein d'imprévu. Je me couche un peu stressé malgré le cadre idyllique.
En plus sans eau, je n'ai pu manger qu'un bout de saucisson et je me couche tout collant de transpiration ce que je déteste.


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