L'objectif de la journée est de rallier Doc's Campbell qui est un relais de poste. Il doit exister depuis l'époque de la conquête de l'ouest sauf que les hikers ont remplacé les cowboys d'antan.
Théoriquement il y a 17 km à faire ce qui représente une demi journée de marche. Des vacances dans les vacances...
La rivière Gila reste une épreuve mais rapidement ses gorges étriquées s'élargissent. Le lit de la Gila s'étale et des petites plaines apparaissent de chaque côté de la rivière. La vie animale pullule. D'ailleurs il y a des traces de pas d'ours sur le sentier que je suis. Je suis en train de faire la photo de la comparaison de mon pied avec le sien quand j'entends un remue-ménage de tous les diables à côté de moi. Dieu merci ce n'est qu'une dinde sauvage (wild turkey pour les amateurs de bourbon). Elle est aussi grosse qu'une autruche et elle fracasse les branches dans son envol (parce que ça vole en plus ces espèces de monstre).
Le plus drôle c'est que les pas de l'ours vont exactement dans la même direction que moi et je me demande si nous allons bientôt nous rencontrer.
Je reconnais des traces de castors grâce à mon expérience québécoise - des petits arbres abattus par des dents accérés - mais je ne trouve pas le barrage correspondant. Il a du être dévasté par une crue..
La flore n'est pas en reste et il y a des arbres au tronc énorme qui doivent avoir des siècles. Il y a même des platanes dont les branches sont aussi grosses que le tronc d'un congènère provençal.
D'arbre en oiseau, voici que le pont se dessine au dessus de moi. C'est la fin de la section de la Lower Gila et je dois remonter sur la route pour rejoindre le relais de poste.
Sur le chemin, un panneau touristique m'explique que je suis en plein dans le territoire ancestral des Apaches. Des 10 noms de chefs Indiens qui sont cités, je ne reconnais que Geronimo. Mais je comprends mieux la sensation que j'avais hier. Je suis en plein western. D'ailleurs le cowboy que je suis arrive en vue du relais de poste de Doc's Campbell, un bâtiment sans âge, seul perdu au milieu de nulle part.
Je pénètre dans le magasin qui vend absolument de tout comme dans un film de John Wayne. La mamie hors d'âge qui se tient au comptoir me fait un grand sourire et me demande si j'ai un paquet à mon nom. Je me demande comment elle a deviné que je suis un hiker. Elle disparaît dans l'arrière salle et revient rapidement avec ma commande Internet. En fait, le guide dit n'importe quoi car on peut largement ravitailler dans ce magasin. Il y même du carburant pour réchaud que je me coltine inutilement depuis 3 jours.
Je ne déroge pas à la tradition en achetant une glace maison qui sont doit disant à tomber par terre. Je la prends à la myrtille. J'arrête quand je veux avec les myrtilles.
Un client du magasin qui attend derrière moi m'interpelle : "Vous êtes Némo n'est ce pas ?". C'est un petit malin. Il a regardé le registre sur lequel les hikers s'enregistrent. Je suis le seul de la journée. Facile. D'ailleurs j'ai pu constaté que Jesse est passé hier ce qui veut dire qu'il a réalisé 47 km et l'ensemble de la Lower Gila dans la journée d'hier. Un malade ! Il a pas dû prendre trop de photos !
Je m'installe dehors et j'ouvre mon colis. J'ai franchement pété un câble quand j'ai acheté sur Internet. J'ai de quoi manger pour 10 jours alors que je n'ai qu'un trajet de 6 jours. J'ai tellement de nourriture qu'elle ne rentre pas dans mon sac. J'avais prévu de dormir ici et il n'est que 10h30. Je décide de mettre mon blog à jour et de repartir. La connexion wifi est tellement mauvaise qu'il me faut 3 heures pour charger les quelques photos qui illustrent 2 journées. J'ai le temps de sympathiser avec tous les clients du magasin qui s'arrêtent tous pour me parler. C'est très sympa mais je ne suis pas en train de gagner du temps.
Mon idée est de sauter cette étape et de retourner directement sur le Trail. Comme j'ai de l'eau à volonté avec la Gila, Je me lave et je fais la lessive tous les jours. La suite du programme est de faire la "Upper Gila" donc je n'ai pas besoin de la case douche plus lessive dans l'espèce de centre de retraite pour bobos où j'avais prévu d'aller.
Je veux aussi visiter le "Cliff Dwellings"qui est un village Apache construit dans des cavernes. C'est un détour de 6km du Trail mais je veux vraiment voir ça. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais.
Je charge mon sac sur les épaules. Mon Dieu qu'il pèse ! Et je reprends la route direction les Dwellings. Je suis inquiet par rapport à l'heure car le site ferme à 16h. J'arrive juste 15 min avant la fermeture. La ranger à l'entrée accepte très gentillement de garder mon sac pendant que je visite. Le site est magnifique. Il y une rivière qui coule et 2 falaises se font face. Une des falaises est creusée dans ses hauteurs de cavernes dans lesquelles les Apaches ont construit leur village.
La vue sur la vallée et la plaine qui la précède est imprenable. Impossible pour l'ennemi de s'approcher de ce nid d'aigle sans se faire repérer. Je suis le nez en l'air en train d'admirer le paysage quand un bruit de crécelle me fait faire un bon en arrière. Encore un serpent à sonnettes ! J'ai failli mettre le pied dessus. Le serpent me regarde d'un air outré et il a remué la queue pour me prévenir qu'il n'était pas un paillasson. Il continue alors sa route et grimpe la falaise après avoir traversé les escaliers prévus pour les humains. Vraiment plus je fréquente les serpents, plus je me dis qu'ils sont cools. Parce que celui-là aurait dû me mordre. Au lieu de cela, il m'a juste prévenu.
Je continue de grimper en regardant bien mes pieds en plus du paysage. Je croise deux personnes âgées et je les préviens pour le serpent. On engage alors la conversation. C'est fou comme les gens sont tous super adorables avec moi. Je pense que c'est le fait d'être seul qui change tout. Seul, on est plus ouvert aux autres. Le Monsieur me demande si la France et les États-Unis sont, comme il le pense, 2 pays amis qui collaborent ensemble. Je réponds que oui évidemment, bien sûr. Je sais que je ne dois jamais parler politique ou religion pour éviter les sujets qui fâchent. Le monsieur y va de son "God bless France"et comme je suis poli, j'y vais de mon "God bless America". Les visages des 2 petits vieux s'illuminent d'un grand sourire. Visiblement je leur ai fait plaisir pour pas cher. Mais la visite m'attend.
Il n'y absolument personne sur le site et je l'ai pour moi tout seul. Je fais des photos sans aucun touriste pour gâcher la prise de vue mais je regrette qu'il 'y ait aucune explication aux différentes maisons qui constituent le village. En tout cas c'est magnifique entre les vieux murs dans ces cavernes et la nature environnante.
Je redescends récupérer mon sac car mon idée est de retourner dans le parc pour y passer la nuit. Mais il est 17h30 et j'ai 4 km avant d'arriver au Trail. Ça va être tendu avec mon sac qui pèse le poids d'un ane mort. Un pickup à plateau me double, s'arrête et enclanche la marche arrière. Ce sont mes 2 petits vieux de "God bless America". Ils me demandent s'ils peuvent m'emmener quelque part. Trail Magic ! Voilà qui va me sauver la vie. Je leur demande de m'emmener à l'entrée du parc. Je grimpe à l'arrière du pickup dans lequel règne un bazar innommable. Un bidon d'essence, un sac à dos, un glacière, une table, des tabourets...
Difficile de se trouver une place mais je me fais tout petit. Le chauffeur roule tout doucement et fait très attention dans les virages. C'est peut être dû à l'âge mais je me plais à croire qu'il fait attention à moi.
Nous voici rendu à destination. La Madame me demande mon nom et me donne les leurs : Terry et Susan. Terry dit qu'il a été très heureux de me rencontrer et que je peux lui demander de m'emmener où je le désire, il suffit juste de le demander. Ils sont adorables ces 2 là. Je les remercie mais je suis pile là où je veux être : sur le cdt et au début du "Upper Gila". On se sépare en se faisant plein de signes de la main. Je regrette de n'avoir pas plus de temps pour passer un moment avec eux. Mais le Trail m'appelle. Il y plein de sources chaudes dans ce coin. Je suis pas fana des sources thermales et ce n'est pas mon objectif du soir. Je veux juste m'enfoncer dans le Wilderness pour quitter le peu de civilisation que je viens de croiser. Geronimo m'attend !
Théoriquement il y a 17 km à faire ce qui représente une demi journée de marche. Des vacances dans les vacances...
La rivière Gila reste une épreuve mais rapidement ses gorges étriquées s'élargissent. Le lit de la Gila s'étale et des petites plaines apparaissent de chaque côté de la rivière. La vie animale pullule. D'ailleurs il y a des traces de pas d'ours sur le sentier que je suis. Je suis en train de faire la photo de la comparaison de mon pied avec le sien quand j'entends un remue-ménage de tous les diables à côté de moi. Dieu merci ce n'est qu'une dinde sauvage (wild turkey pour les amateurs de bourbon). Elle est aussi grosse qu'une autruche et elle fracasse les branches dans son envol (parce que ça vole en plus ces espèces de monstre).
Mon petit pied à côté de la trace de l'ours. À priori ce n'est pas un ourson.
Je reconnais des traces de castors grâce à mon expérience québécoise - des petits arbres abattus par des dents accérés - mais je ne trouve pas le barrage correspondant. Il a du être dévasté par une crue..
La flore n'est pas en reste et il y a des arbres au tronc énorme qui doivent avoir des siècles. Il y a même des platanes dont les branches sont aussi grosses que le tronc d'un congènère provençal.
J'ai posé mon baton de marche devant l'arbre pour mesurer la grosseur du monstre
D'arbre en oiseau, voici que le pont se dessine au dessus de moi. C'est la fin de la section de la Lower Gila et je dois remonter sur la route pour rejoindre le relais de poste.
Gila River Bridge
Sur le chemin, un panneau touristique m'explique que je suis en plein dans le territoire ancestral des Apaches. Des 10 noms de chefs Indiens qui sont cités, je ne reconnais que Geronimo. Mais je comprends mieux la sensation que j'avais hier. Je suis en plein western. D'ailleurs le cowboy que je suis arrive en vue du relais de poste de Doc's Campbell, un bâtiment sans âge, seul perdu au milieu de nulle part.
Doc's Campbell
Je pénètre dans le magasin qui vend absolument de tout comme dans un film de John Wayne. La mamie hors d'âge qui se tient au comptoir me fait un grand sourire et me demande si j'ai un paquet à mon nom. Je me demande comment elle a deviné que je suis un hiker. Elle disparaît dans l'arrière salle et revient rapidement avec ma commande Internet. En fait, le guide dit n'importe quoi car on peut largement ravitailler dans ce magasin. Il y même du carburant pour réchaud que je me coltine inutilement depuis 3 jours.
Je ne déroge pas à la tradition en achetant une glace maison qui sont doit disant à tomber par terre. Je la prends à la myrtille. J'arrête quand je veux avec les myrtilles.
Un client du magasin qui attend derrière moi m'interpelle : "Vous êtes Némo n'est ce pas ?". C'est un petit malin. Il a regardé le registre sur lequel les hikers s'enregistrent. Je suis le seul de la journée. Facile. D'ailleurs j'ai pu constaté que Jesse est passé hier ce qui veut dire qu'il a réalisé 47 km et l'ensemble de la Lower Gila dans la journée d'hier. Un malade ! Il a pas dû prendre trop de photos !
Je m'installe dehors et j'ouvre mon colis. J'ai franchement pété un câble quand j'ai acheté sur Internet. J'ai de quoi manger pour 10 jours alors que je n'ai qu'un trajet de 6 jours. J'ai tellement de nourriture qu'elle ne rentre pas dans mon sac. J'avais prévu de dormir ici et il n'est que 10h30. Je décide de mettre mon blog à jour et de repartir. La connexion wifi est tellement mauvaise qu'il me faut 3 heures pour charger les quelques photos qui illustrent 2 journées. J'ai le temps de sympathiser avec tous les clients du magasin qui s'arrêtent tous pour me parler. C'est très sympa mais je ne suis pas en train de gagner du temps.
Mon idée est de sauter cette étape et de retourner directement sur le Trail. Comme j'ai de l'eau à volonté avec la Gila, Je me lave et je fais la lessive tous les jours. La suite du programme est de faire la "Upper Gila" donc je n'ai pas besoin de la case douche plus lessive dans l'espèce de centre de retraite pour bobos où j'avais prévu d'aller.
Je veux aussi visiter le "Cliff Dwellings"qui est un village Apache construit dans des cavernes. C'est un détour de 6km du Trail mais je veux vraiment voir ça. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais.
Je charge mon sac sur les épaules. Mon Dieu qu'il pèse ! Et je reprends la route direction les Dwellings. Je suis inquiet par rapport à l'heure car le site ferme à 16h. J'arrive juste 15 min avant la fermeture. La ranger à l'entrée accepte très gentillement de garder mon sac pendant que je visite. Le site est magnifique. Il y une rivière qui coule et 2 falaises se font face. Une des falaises est creusée dans ses hauteurs de cavernes dans lesquelles les Apaches ont construit leur village.
La vue sur la vallée et la plaine qui la précède est imprenable. Impossible pour l'ennemi de s'approcher de ce nid d'aigle sans se faire repérer. Je suis le nez en l'air en train d'admirer le paysage quand un bruit de crécelle me fait faire un bon en arrière. Encore un serpent à sonnettes ! J'ai failli mettre le pied dessus. Le serpent me regarde d'un air outré et il a remué la queue pour me prévenir qu'il n'était pas un paillasson. Il continue alors sa route et grimpe la falaise après avoir traversé les escaliers prévus pour les humains. Vraiment plus je fréquente les serpents, plus je me dis qu'ils sont cools. Parce que celui-là aurait dû me mordre. Au lieu de cela, il m'a juste prévenu.
Je vais finir par croire que je les attire !
Je continue de grimper en regardant bien mes pieds en plus du paysage. Je croise deux personnes âgées et je les préviens pour le serpent. On engage alors la conversation. C'est fou comme les gens sont tous super adorables avec moi. Je pense que c'est le fait d'être seul qui change tout. Seul, on est plus ouvert aux autres. Le Monsieur me demande si la France et les États-Unis sont, comme il le pense, 2 pays amis qui collaborent ensemble. Je réponds que oui évidemment, bien sûr. Je sais que je ne dois jamais parler politique ou religion pour éviter les sujets qui fâchent. Le monsieur y va de son "God bless France"et comme je suis poli, j'y vais de mon "God bless America". Les visages des 2 petits vieux s'illuminent d'un grand sourire. Visiblement je leur ai fait plaisir pour pas cher. Mais la visite m'attend.
Il n'y absolument personne sur le site et je l'ai pour moi tout seul. Je fais des photos sans aucun touriste pour gâcher la prise de vue mais je regrette qu'il 'y ait aucune explication aux différentes maisons qui constituent le village. En tout cas c'est magnifique entre les vieux murs dans ces cavernes et la nature environnante.
Je redescends récupérer mon sac car mon idée est de retourner dans le parc pour y passer la nuit. Mais il est 17h30 et j'ai 4 km avant d'arriver au Trail. Ça va être tendu avec mon sac qui pèse le poids d'un ane mort. Un pickup à plateau me double, s'arrête et enclanche la marche arrière. Ce sont mes 2 petits vieux de "God bless America". Ils me demandent s'ils peuvent m'emmener quelque part. Trail Magic ! Voilà qui va me sauver la vie. Je leur demande de m'emmener à l'entrée du parc. Je grimpe à l'arrière du pickup dans lequel règne un bazar innommable. Un bidon d'essence, un sac à dos, un glacière, une table, des tabourets...
Difficile de se trouver une place mais je me fais tout petit. Le chauffeur roule tout doucement et fait très attention dans les virages. C'est peut être dû à l'âge mais je me plais à croire qu'il fait attention à moi.
Nous voici rendu à destination. La Madame me demande mon nom et me donne les leurs : Terry et Susan. Terry dit qu'il a été très heureux de me rencontrer et que je peux lui demander de m'emmener où je le désire, il suffit juste de le demander. Ils sont adorables ces 2 là. Je les remercie mais je suis pile là où je veux être : sur le cdt et au début du "Upper Gila". On se sépare en se faisant plein de signes de la main. Je regrette de n'avoir pas plus de temps pour passer un moment avec eux. Mais le Trail m'appelle. Il y plein de sources chaudes dans ce coin. Je suis pas fana des sources thermales et ce n'est pas mon objectif du soir. Je veux juste m'enfoncer dans le Wilderness pour quitter le peu de civilisation que je viens de croiser. Geronimo m'attend !